carnet de route d'un voyage au VietNam...

lundi 6 décembre 2010

rouler de nuit et autres histoires quotidiennes

Il y a une chose que j aime tout particulièrement ici. Après une bonne soirée avec mes amis dans notre bar préféré ou après être aller danser une bonne partie de la nuit, il faut rentrer chez moi et traverser la ville endormie.
La nuit les rues appartiennent à une tout autre peuple, celui des motos chargées de produits achetés au marché en partance pour les villes voisines, des quelques vélos/colporteurs qui dans le silence nocturne annoncent à l'aide d'un magnétophone leurs produits à vendre, des ouvriers qui travaillent toute la nuit, déchargent des camions de sable ou de matériaux garés devant les maisons en construction, des quelques xe-om qui attendent les clients légèrement éméchés sortant des karaokés, les couches-tard qui zigzaguent avec souplesse sur la route cabossée et les insomniaques qui boivent un thé dans le dernier boui-boui de rue.
Tout est calme et plongé dans une douce pénombre troublée par quelques lampadaires, ces grandes avenues, de jour ombragées par d'élégants arbres magnifiques dont le bas du tronc a été blanchi, sont de nuit baignées par une brume lourde, mystérieusement enveloppante produite par l'humidité nocturne. Alors j'aime conduire ma moto dans cette atmosphère apaisante en comparaison de l'agitation diurne, sentir le froid me picoter le visage, la lumière de mes phares éclairent à peine les nids de poules et les bosses parsemés sur la route, c'est un moment privilégié pour réfléchir, et toute à mes pensés je me fais surprendre parfois bien que je commence a connaître la route par cœur... je pensais à cela hier soir lorsque j'ai du donner un coup de frein pour éviter un vélo... 





Tout en vous écrivant cela, dans mon éternel repère, le café Puku, par la fenêtre sans vitre mais fermée par une grille dont les barreaux à l'horizontal sont en demi cercle et de couleur orange; je regarde un homme suspendu dans le vide sur ce que j appellerai une sorte de nacelle/balançoire en bois mais fortement maintenue par une épaisse corde, tout en fumant cigarettes sur cigarettes il peint en blanc avec une grande dextérité les murs de la maison voisine de style colonial en rénovation, le tout rythmé par le bruit de perceuses, ou des scies circulaires, enfin ces outils qui font du bruit et que l'on entend un peu partout à Hanoï, tant il y a de travaux de construction ou de rénovation. Mon petit doigt me dit que c'est là que va s'ouvrir le restaurant où bientôt le mari de Mon officiera comme chef. Malheureusement ces travaux sont bruyant et n'aide pas à la lecture ou l'écriture. Je vais prendre congés de ce lieu pourtant tant aimé.

On m'a parlé de ce petit café donnant sur le Lac de l'Ouest (en français), West Lake (en anglais) ou Tay Ho (en vietnamien), qui est peuplé de chats de tous âges et que l'on peut câliner toute la journée... :) ok j'y suis désormais, bon niveau câlins, ces chats sont un peu farouches quoique les plus petits se laissent faire et finissent par s'endormir sur les genoux. Il y a ici beaucoup de jeunes filles vietnamiennes (lycéennes en fleur ou jeunes étudiantes, je suis la seule occidentale) qui comme moi, sont en complète régression devant les chats. Eux se couchent et dorment là sur les tables à côté de nos jus de fruits, café ou chocolat chaud; ils miaulent quémande de la nourriture, quelques uns se crachent dessus (tout n'est pas si beau au pays des chats paresseux)...
photos prises avec mon Iphone et l'application Plastic Bullet :





Je lis en ce moment Lettres de Hanoï de Jean Tardieu écrites à la fin des années vingt. Avec son regard, il décrypte une partie de la société française, critique sévère du phénomène colonial. La vie que je mène ici est je pense et j'espère loin de ce qu'il écrit mais ses descriptions de Hanoï et de l'atmosphère de la ville ne sont pas si loin de ce que je ressens et cela inspire mon écriture...
Il explique malgré sa bienveillance et sa volonté d apprendre la culture « tonkinoise » de façon complètement désintéressé, combien il sait qu'il reste l'usurpateur, le conquérant, il ressent que les vietnamiens se méfient, se « tiennent au fond d'eux même », il parle d'une « atmosphère, non pas hostile, pire que cela : exactement, absolument silencieuse, impersonnelle (…) une manière à la fois de garder pour soi ses pensées profondes, et de manifester – pour soi même – sa supériorité, son orgueil, de la condescendance ». De mon point de vue un mécanisme de défense nécessaire et bien normal dans cette situation colonisatrice.
C'est Mme Minh Nguyen Thi Nguyet qui m' a donné ce livre, enfin la photocopie du livre. Avoir rencontrer Minh a été un petit miracle. Grâce à un contact avec l'association d'amitié franco-vietnamienne, Minh a pris contact avec moi. Il se trouve qu'elle a étudié dans le même lycée que mon grand père, Lycée Albert Sarrault, mais a une époque différente. Ceci dit son père était professeur dans ce lycée et par je ne sais quelle chance elle a en sa possession des livret des « Distributions solennelle des Prix » celui de 1935 contient la liste des bacheliers de l'année précédentes, et nous y avons retrouvés le nom de Jean Vola, mon grand-père, bachelier de l'année 1934 avec mention passable, un très beau moment d'émotion ! 




Sinon dans ma vie quotidienne...
J'ai commencé à poser pour les cours de modèle vivant de Pauline Roby, ça se passe très bien; sans vouloir me vanter, je suis un modèle apparemment très appréciée et cela me permet de rencontrer des gens très intéressant... ce n'est pas si difficile pour moi de poser, une fois mes lunettes enlevees de toute façon je ne vois pas grand chose et encore moins les regards, et puis souvent je ferme les yeux. Ce qui n'est pas évident c'est la douleur des membre ankylosés sur de longues poses de 30min, bien sûre je ne pose pas debout sur de si longues période mais on ne croirait pas ce qu'un bras peut faire souffrir quand il est posé simplement au dessus de la tète !

Je n'ai pas eu le boulot de prof d'art que j'espérais et me voilà désormais dans la perspective de devoir trouver un travail de prof d'anglais ou de français... et bien il va falloir en faire quelque chose de positif; j'imagine que si je n'ai pas eu ce travail c'est que d autres opportunités m'attendent dans le futur...

Mon avion de retour pour la France est parti sans moi mardi 30 alors que j'étais à Bangkok, Thaïlande pour renouveler mon visa pour le Vietnam. Me voilà maintenant de retour pour trois mois...  (je raconte encore des choses après toutes ces photos !!)
































































J'ai enfin rencontré Dao Khanh, un artiste performer qui va participer à mon projet. Nous avons passé une très belle après midi chez lui à discuter photo, peinture et performance et vidéo avec du vin de riz délicieux conservé dans un vieux bidon jaune et servi dans des petit bol en céramique! 
J'ai aussi pu enfin rencontrer Duc du Tadioto, un café galerie, il est sur le point d'ouvrir une autre galerie dans l'année qui suit. Il va me suivre dans mes projets, m'aider à avancer et à éviter des naïvetés culturelles. On verra ensemble les possibilités d'expositions, déjà il est très intéressé par les photos de l'arrière arrière grand-père, j'ai les fichiers numériques, pas difficile de les faire imprimer et penser à une exposition rapide ! 




A mes amis photographe (et à ceux que ça peut intéressé) :
J'ai fait développer il y a deux semaines 25 pellicules 35mm et 15 pellicules 120, le tout en 24h. Amis photographes tenaient vous bien, êtes vous assis ? Le rouleaux de pellicule 35 ou 120 coute à développer 20 000 VND, c'est à dire 1 dollar !! et oui ! Et y a encore mieux : j'ai fait scanné toutes les pellicule 35mm en très haute définition, en 24h et pour 40 000VND (2dollars) la pellicule !! Ok c'est peut être quasiment impossible de trouver des pellicules professionnelles Kodack Portra ou des Fuji Pro 160S mais le coût de développement est tout juste incroyable et ça vaut le coup de ne pas se plaindre !! :)
J'ai dû m'acheter aujourd'hui un nouvel appareil reflex argentique car sur les deux que j'avais emmené un n'a pas vraiment survécu mon premier accrochage en moto en octobre et le deuxième commence réellement à faire des siennes. J'ai trouvé un magasin qui a une collection d'appareils récents et anciens à faire pâlir Jean Pierre Stuck (référence arlésienne) malheureusement il ne vend pas la collection des appareils anciens, mais des plus récents (argentique ou numérique) et j'ai pu trouver pour 2 500 000 VND (100 euros) un boitier Minolta compatible avec mes deux objectifs !

Sinon j'ai aussi envie de vous parler de la météo, oui des considérations météorologiques ! Depuis la fin septembre le temps ici est incroyablement magnifique, il n' a pas vraiment plu depuis plus de deux mois, doucement les température baissent, on oscille entre 15°C et 25°C, avec des jours froids et couverts, et des jours incroyablement ensoleillés et chauds. C'est un automne vraiment prodigieux, il influence beaucoup le moral, comment ne pas se sentir bien dans une atmosphère aussi agréable. Mais on me parle souvent de l'hiver rigoureux qui un jour ou l'autre va pointer le bout de son nez à ma porte, les températures peuvent alors descendre jusqu'à 5°C, mais c'est surtout de l'humidité hivernale qui s'infiltre partout et fait ressentir le froid jusqu'au os dont on me dit de me méfier... il va me falloir trouver un manteau pour l'hiver rapidement ! 

A très bientôt. 
J.